Avec le phénomène Crossfit, ces dernières années, l’haltérophilie a regagné en popularité. Les crossfiteurs chevronnés n’hésitent pas à pousser les portes d’une salle d’haltéro pour progresser (ou simplement de la partie haltérophilie de leur salle dans le cas de powercamp). Pourtant, les crossfiteurs débutants, ou simplement moins extrémistes ont du mal à fouler les plateaux.
“les haltéros ils restent dans leurs coins, ils ne parlent pas : ils ne sont pas accueillants…”
“ils ont l’air forts, je vais paraître ridicule à coté…”
“c’est beaucoup moins divertissant que le crossfit..”
“soulever lourd, ce n’est pas ce qui m’intéresse..«
Tant de réflexions qui montrent que l’haltérophilie est un sport toujours peu connu et trop reclus sur lui-même. Certes, on a progressé depuis l’époque du “Ah oui l’haltérophilie ? Les mecs en tenues moulantes qui deviennent tout rouge là ?”. Mais nous sommes toujours bien loin de la réalité.
Il est temps d’aborder ces sujets pour que vous sachiez à quoi vous attendre avant de chausser vos romaléos !
Les haltéros ne sont pas accueillant
Personnellement, je pense que cette impression générale vient de la comparaison avec le crossfit. Beaucoup de personnes découvrent l’haltérophilie via le Crossfit, c’est un fait.
Quand il y a d’un côté, un cours de crossfit où tout le monde se dit bonjour en arrivant, tout le monde s’entraîne en même temps avec la musique à fond et où tout le monde se tape dans la main à la fin. Et d’un autre côté, une salle où la musique est moins forte, où il n’y a pas (ou rarement) des cours co, et donc pas d’horaires. Les adhérents ne viennent pas tous à la même heure et ne font pas tous la même chose au même moment.
Forcément, ça fait un peu deux salles, deux ambiances !
L’haltérophilie se prête moins au format très collectif du crossfit, certes, mais c’est loin d’être un sport individuel.
Quand il y’a un heavy friday et que tous les halteros de la salle donnent de la voix pour s’encourager les uns les autres : c’est aussi une ambiance qui mérite d’être vécue.
Le collectif sur les plateaux a une forme différente de celle lors des wods. Des conseils techniques, des encouragements, des circuits muscu de fin de séance ou même des discussions sur la prog … Oui, en haltérophilie, nous avons le luxe de pouvoir articuler une phrase lors de nos séances !
Apprendre à connaître les haltérophiles peut prendre un peu plus de temps que d’apprendre à connaître vos partenaires de wods, mais vous pouvez apprendre énormément à leurs côtés. Bien que nos sports soient proches, nous les abordons de manières très différentes. Vous pourrez donc faire évoluer votre pratique en essayant de concilier le meilleur des deux mondes.
Je vais paraître ridicule à côté
Nous ne sommes pas tous égaux le premier jour où on attrape une barre ou un bâton de pvc pour commencer notre apprentissage. Les sports que nous avons pratiqués en amont, notre mobilité, notre proprioception, notre explosivité … Tant de facteurs qui vont conditionner la forme de vos premiers arrachés.
Alors selon votre profil, vous serez peut être plus en galère que la moyenne ou au contraire, vous serez étonnamment à l’aise.
Mais quel que soit votre profil, croyez-moi, personne ne se moquera de vous. Pour la simple et bonne raison que tout le monde se rappelle de ses débuts. Et rares sont ceux qui ont eu des débuts glorieux, c’est un fait.
Mais, en vous entraînant au milieu des halteros vous pourrez observer de relativement bonnes techniques. Si vous vous donnez à fond et que vous avez soif d’apprendre, ils vous donneront des conseils et vous encourageront. Et de cette manière, vos lifts s’amélioreront, c’est obligé !
Vous progresserez vite, mais attention, en haltérophilie “vite” peut paraître très lent pour certaines personnes. Pour un haltérophile qui ne fait que ça, à raison de 4 à 5 séances/semaine, on dit qu’il faut 3 à 5 ans pour atteindre une bonne technique.
Donc l’haltérophilie est un marathon plus qu’un sprint. Mais ne vous découragez pas, concentrez vous sur la technique et la régularité et le travail paiera ! Votre coordination, votre explosivité, votre force, votre mobilité seront améliorées par sa pratique. Bref votre crossfit vous remerciera d’avoir enfilé ces foutues romaleos et d’avoir appris ce ***** de hookgrip !
L’haltérophilie est moins divertissante que le Crossfit
Ici, nous rejoignons un peu le premier point : deux salles, deux ambiances. Mais je pense que si vous vous motivez à vous entraîner avec votre groupe de potes, les séances seront excellentes.
En haltérophilie, à certains moments, il faut rester focus. Quand vous vous apprêtez à battre votre record au jeté, vous n’allez pas fanfaronner avec vos potes. Mais, pendant l’échauffement, pendant la muscu, pendant les reps légères, c’est des moments ou il faut se sociabiliser. Parler avec ses voisins de plateau du jour etc.
Alors faites attention, si vous êtes à l’échauffement mais que votre voisin est sur des reps lourdes, attendez un peu. Faites preuve de discernement. Mais croyez moi, vous allez vite comprendre comment ça marche et vous saurez apprécier vous entraîner sur les terres du hookgrip !
D’ailleurs, Louis vous a écrit un article sur “être un bon partenaire d’entraînement« . Parce qu’au final, être un bon partenaire d’entraînement, c’est la première étape pour créer une ambiance de folie sur les plateaux.
Soulever lourd, ça ne m’intéresse pas
C’est légitime. Chacun ses objectifs dans le sport et dans la vie.
Mais le hic dans l’argumentaire du “soulever lourd ne m’intéresse pas”, c’est que c’est l’excuse de personnes qui veulent s’entretenir, bien bouger et se défouler. Or, bien pratiquée, l’haltérophilie permet typiquement tout cela.
Alors, on ne vous demande pas de remplacer vos autres pratiques sportives par de l’haltérophilie, mais de considérer de pratiquer l’haltérophilie en complément. Elle vous aidera à protéger votre dos. Elle améliorera votre explosivité et votre coordination. Elle gommera certains déséquilibres musculaires qu’entraînent certains sports. Elle augmentera votre densité osseuse. Bref, la liste de ses bienfaits est longue.
Haltérophilie : Give it a shot !
J’espère avoir réussi à désamorcer certains préjugés, ou au moins à créer un doute dans votre esprit qui vous donnera envie d’essayer.
Comme diraient nos amis américains : “give it a shot”.
Essayez, forcez vous à fréquenter les plateaux une ou deux fois par semaine pendant un mois, puis faites un point. Je suis sûr qu’un mois de pratique effacera bien plus de préjugés que le meilleur de mes articles ne le pourra jamais.
Superbe résumé.
Oui les haltéros peuvent être très généreux dans le partage de leurs connaissances. Et c’est un sport qui peut apporter énormément pour la pratique d’autres disciplines.
Une discipline qui apprend l’humilité (hé oui, 1cm « devant » au mauvais moment, ça finit « devant » donc en échec !).